Je suis née à Nîmes, dans le sud de la France. Après quatre ans d’études à Montpellier et une licence de psychologie clinique en poche, je pars en Belgique à Louvain-la-Neuve pour intégrer une école de cinéma, l’Institut des Arts de Diffusion (IAD).
Au terme d’une année en section Réalisation, je suis reçue. Mais je choisis de poursuivre mon cursus en Montage après avoir découvert la richesse de cette étape de réécriture dans la fabrication d’un film. Diplômée au tournant des années 2000, je rejoins Paris pour y travailler comme monteuse pour la télévision et le cinéma français.
Dès les premières années, je mène une double activité de monteuse et de réalisatrice. D’abord en auto-production, puis au service de l’INA, je réalise et monte plusieurs documentaires politiques sur des thématiques liées à l’exercice du pouvoir et à la société, (Laïcité: 30 ans de fractures à gauche, 2020 / Référendums: une arme à double tranchant, 2022 / Président : le prix à payer, 2023).
Au fil des années, j’ai collaboré avec des personnalités très différentes qui ont tous enrichi mon rapport au récit (Emmanuelle Ménage, Florent Chevolleau, Joseph Beauregard, Thomas Legrand, Michèle Cotta, Marion Van Renterghem, Patrice Duhamel, Philippe Pujol, Pierre Assouline, Erenik Beqiri, Gregory Morin, Cécile Delarue).

J’ai surtout travaillé comme monteuse avec William Karel sur plus d’une dizaine de ses films (Mitterrand, Que reste-t-il de nos jours ? Israël-Palestine, une terre deux fois promise et les portraits de Isabelle Huppert, Pialat, Salman Rushdie, Johnny Halliday etc) et c’est à ses côtés que j’ai véritablement affiné ma pratique du documentaire.
Grand documentariste et grand monteur lui-même, j’ai pu observer avec lui la puissance de “l’écriture en montage”, au service d’un point de vue et d’une immense sensibilité. J’ai appris à aborder le témoignage comme essence de la dramaturgie. J’ai appris la construction subtile des paroles comme on utilise les mots en littérature. J’ai appris surtout une méthode qui m’est chère aujourd’hui sur le banc de montage : savoir tirer le bénéfice du doute et ne jamais craindre d“essayer” avant de choisir. Grâce à William, j’ai découvert (et pratiqué !) l’humour, l’impertinence, et l’audace en montage, bien au-delà de mes attentes. Je lui dois tant.
Aujourd’hui, réaliser-monter représente pour moi une équation idéale dans l’écriture d’un film. L’histoire se partage au départ, puis elle chemine et s’élabore intimement, on la tourne en équipe mais c’est lors du montage que la réalisation prend tout son sens. Reste à préserver une distance avec son propre regard, pour se faire juge et partie et faire les choix ultimes, parfois tranchés.

En parallèle du documentaire, je continue à monter des court-métrages de fiction pour me nourrir du cinéma et surtout d’une jeune génération, dont les récits et le regard n’appartiennent à aucun code.
Toujours munie d’un appareil Leica M6 et d’une pellicule 400 asa noir & blanc, je photographie au jour le jour et « sur le vif », les gens que je rencontre.

